La Startup Nation

A start-up nation vient de s’effondrer : La grande arnaque enfin révélée.

0:00 Introduction: https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio
2:44 Présentations: https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio&t=164
3:43 Les chouchous du prof: https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio&t=223
6:27 Des résultats mitigés: https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio&t=387
8:17 De mauvais élèves: https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio&t=497
10:06 L’utopie startup nation à la sauce US: https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio&t=606
12:35 Et les grands gagnants sont… : https://www.youtube.com/watch?v=51E52nBmsio&t=755

 

Sept ans après la promesse d’Emmanuel Macron de transformer la France en “Startup Nation”, quel bilan pour cette ambition présidentielle ? Cette vidéo dévoile l’envers du décor d’un système qui engloutit des milliards d’argent public pour des résultats décevants.

Les licornes qui tardent à émerger aux faillites qui s’enchaînent, découvrez pourquoi le modèle américain ne peut pas se transposer en France, et qui sont les véritables bénéficiaires de cette politique. Une analyse sans concession de l’utopie startup à la française.

[00:21] – Orateur 1
À peine arrivé au poste de premier salarié de France, notre président Emmanuel Macron nous vendait déjà son rêve de la Startup Nation. Une France ultra-moderne qui ose investir massivement dans les projets des plus audacieux pour faire émerger de nouveaux champions technologiques nationaux capables de concurrencer tous les Alibaba ou les GFAAM du monde. Car la startup, c’est le remède à tout. La preuve : les plus gros spécimens, les plus rentables et les plus solides de l’histoire dominent aujourd’hui le monde. Emmanuel Macron s’était donné cinq ans pour révolutionner la France et transformer son paysage industriel grâce à des entrepreneurs de génie et des technologies à inventer. Une promesse renouvelée plusieurs fois depuis son arrivée. Et en effet, pendant que les mots bio-tech, fin-tech, clean-tech ou green-tech entraient dans le langage courant, une multitude de sociétés est apparu, à fort potentiel de croissance et à l’appétit féroce pour les capitaux frais. Pour les aider à prendre le bon départ dans la vie, le gouvernement leur a déroulé le tapis rouge, plus encore pendant la crise sanitaire, avec la promesse d’aboutir à l’émergence de 25 licornes françaises en 2025. Les licornes, ce sont ces startups non cotées dont la valeur dépasse le milliard de dollars.

[01:37] – Orateur 1
Les candidates, au titre de champions nationaux ou européens censés booster la croissance grâce à leur succès. Et donc, sept ans plus tard, où en sommes-nous ? Je ne vais pas faire durer le suspense, mais le bilan n’est pas brillant. Encore un, encore une illusion qui s’effondre avec la macronie. Non seulement la Startup Nation est loin de tenir toutes ses promesses, mais en plus, en y regardant de plus près, on y déteste respecte un tout nouveau moyen d’enrichir encore un peu plus une caste déjà privilégiée avec l’argent du contribuable. Amateur de pilules rouges, restez bien avec moi, je vais tout vous expliquer.

[02:10] – Orateur 1
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[02:44] – Orateur 1
Dans la famille des entreprises, la startup jouit d’un statut particulier. Elle est petite, fragile et désorganisée, mais elle est prête à conquérir le monde avec une idée révolutionnaire. Son but : disrupter un marché tout entier. Autrement dit, le faire basculer dans une avec une idée tellement brillante que Thomas Edison, Nikola Tesla et Steve Jobs en resteraient bouche bée. Pour un gouvernement, la startup est une potion magique. Elle porte l’espoir de voir naître un nouveau champion national capable de rivaliser avec les géantes étrangères les plus puissantes et recouvrer un peu de souveraineté. Elle promet aussi de garder une place dans la course mondiale à la compétitivité. Enfin, une startup, c’est le jackpot en termes d’emploi, de croissance, d’innovation et de réputation. Bref, Bref, la France, comme beaucoup d’autres pays, en a besoin. C’est à peu de chose près la façon dont Emmanuel Macron a vendu dès 2017 son fameux concept de Startup Nation. Et pour financer cette nouvelle croisade, il a mis le paquet. Jusqu’en 2017, on parlait de l’initiative French Tech, dotée de 200 millions d’euros pour soutenir le développement des jeunes pousses prometteuses. En 2019, on change d’échelle quand le gouvernement lance le plan Deep Tech, doté cette fois de 2,5 milliards, avec pour objectif d’aider à créer 500 nouvelles startups par an. Et en 2021, c’est le plan France 2030, 54 milliards d’euros sur 5 ans pour rattraper le retard industriel et technologique, dont la moitié est destinée aux acteurs émergents, autrement dit à nos startups et les licornes de demain.

[04:14] – Orateur 1
La startup, comme son nom l’indique, est une société qui démarre avec une idée originale basée sur une technologie nouvelle ou une nouvelle application et au potentiel de croissance démentiel. Évidemment, comme elle se lance, tout est à faire, y compris les phases de recherche et de développement, la la formation du staff, l’équipement et la mise au point du matériel, tout. Et ça coûte cher. Doctolib, par exemple, a été fondée en 2013. Au bout d’une seule année d’existence, elle est parvenue à lever 4 millions d’euros. En 2017, elle en a récolté 61 et en 2019, 150. La même année, elle devient l’une des premières licornes françaises, valorisée à un milliard d’euros. Aujourd’hui, elle en vaut presque six, lève des fonds par tranche d’un demi-milliard presque en claquant des doigts et elle est considérée comme le plus beau succès de la Startup Nation. En tout, Doctolib a presque obtenu 710 millions d’euros. C’est énorme, mais c’est encore en dessous des besoins de Back Market, qui a réussi à rassembler plus d’un milliard et qui pèse aujourd’hui 5,7 milliards d’euros. Le ticket de départ est toujours très élevé, mais avec des perspectives aussi alléchantes et des projections très bien ficelées, les investisseurs se laissent facilement tenter.

[05:22] – Orateur 1
Autre excellent argument pour les convaincre, les multinationales qui dominent le monde au moment où je vous parle, les Microsoft, les Tesla et les Meta ont été des startups jusqu’à leur entrée en bourse et leur exemple est dans toutes les dettes. Enfin, si on ajoute tous les efforts déployés par le gouvernement pour soutenir les pépites de demain, pourquoi se priver ? De ce côté, BPI France, la banque publique d’investissement, est devenue l’organe d’investissement numéro un de l’État dans les startups françaises. Elle distribue les prêts, prend des participations et accorde ses garanties. En 2023, elle a injecté 63 milliards d’euros dans l’économie, dont 10 milliards d’euros pour le seul soutien à l’innovation. En 2022, c’était deux fois moins, mais ce fut une année record pour les levées de fonds privés. Les business angels, capital risqueur et autres investisseurs audacieux, plus quelques banques, ont apporté un gâteau de 12 à 14 milliards d’euros, dont une part de 5,7 milliards partagée entre les 45 porteurs des projets les plus sexy du moment: Doctolib, Qonto et Back Market en tête. Alors, après autant d’efforts, où en sommes-nous et à quoi ressemble l’écosystème startup français en 2024 ? Intéressons-nous surtout aux futures licornes, ces startups qui respectent la définition de la Banque de France dans son rapport paru en juillet dernier.

[06:35] – Orateur 1
Pour obtenir cette appellation, notre startup doit réaliser plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires et être parvenu à lever plus de 3 millions d’euros. Sur environ un million de startups au sens large, il y aurait 2 295 de ces licornes potentielles sur notre territoire en 2023. Elles évoluent principalement sur les secteurs de l’environnement, de l’énergie, du e-commerce, informatique et marketing digital. Chacune emploie en moyenne 49 salariés et réalise 10,5 millions d’euros de ventes annuelles. Et globalement, leur activité a progressé en moyenne de 18,6% entre 2022 et 2023. Parmi elles, on compte quelques vraies licornes, aussi rares que l’annuelle mythique dont elle porte le nom et que le gouvernement poursuit comme un Graal sacré. Et là, première déception. Même si les startups se sont multipliées depuis 2017, sur les 25 licornes promises au pied du sapin de Noël de 2025, nous n’en sommes qu’à la moitié, 13 seulement, à un an de l’échéance. Il va donc falloir mettre les bouchées doubles pour aider en une seule année 12 autres candidates à dépasser le milliard d’euros. Mais à l’heure de l’austérité et des coupes budgétaires, leur avenir n’a jamais été aussi incertain. La déception numéro deux, c’est que les startups françaises ne sont pas rentables.

[07:48] – Orateur 1
Et si certaines ne perdent pas d’argent, les deux tiers d’entre elles sont déjà dans le rouge. En moyenne, l’année 2023 s’achève sur des pertes de 16,5% du chiffre d’affaires. En face, les 750 plus grosses startups qui ne perdent pas d’argent déclarent ensemble un milliard de bénéfices seulement. Et la balance fiscale reste largement négative pour l’État, car pas de résultat, pas d’impôt. C’est une des principales critiques portées contre le rêve présidentiel de la Startup Nation, et ce n’est pas la seule. En réalité, le modèle défendu par notre young global leader à nous n’est pas aussi vertueux qu’il en a l’air et il y a largement de quoi se questionner sur sa pertinence, son efficacité et sa durabilité. D’abord, on l’a vu, les coûts sont exorbitants face à des risques très importants. En France, comme partout ailleurs, le taux de casse est de l’ordre de 75% des projets, avec une faillite qui intervient en général entre la troisième et la cinquième année de vie. Ce qui inspire aux observateurs le sentiment d’un énorme gâchis. Gâchis de temps, de ressources humaines, d’énergie et d’argent, de l’argent public en particulier qui aurait certainement pu être mieux employé dans l’économie traditionnelle.

[08:53] – Orateur 1
Jusqu’à maintenant, le manque d’argent n’était pas la cause principale de l’échec des startups. C’était plutôt une mauvaise idée de départ qui ne rencontre pas son public. Pas d’acheteur, pas de débouchés, pas de marché, pas de rentrée. Mais en 2022, tout a basculé. Se financer est soudain devenu beaucoup plus cher. L’inflation a fait gonfler les charges et malgré le soutien de l’État, lever des fonds a commencé à devenir un sport de haut niveau dès 2023. Il faut dire que les financiers sont des gens habitués à rentrer dans leurs frais rapidement. Et là, ils attendent depuis sept ans et rares sont ceux qui témoignent d’un retour sur leur investissement. Le taux d’échec étant toujours aussi élevé, ils doutent. Et chaque jour qui passe, voire le nombre d’investisseurs potentiels se réduire comme peau de chagrin. Conséquence, les faillites s’enchaînent et le mouvement se poursuit en 2024. D’anecdotique jusqu’au début de 2023, désormais, près d’une dizaine de nos super startups Futurs licornes ferment leur porte chaque mois sans passer par la case redressement. On se demande maintenant si la France Startup Nation ne serait pas un miroir aux alouettes de plus. Une idée qui a gaspillé beaucoup d’énergie, détourné des fonds utiles à l’économie traditionnelle et pire encore, qui ne pourra jamais voir le jour malgré les grandes promesses.

[10:02] – Orateur 1
Et la raison est simplissime : la France, ce n’est pas l’Amérique. Comme bien souvent, les idées les plus libérales appliquées par notre actuel gouvernement lui viennent directement des États-Unis. Première puissance mondiale et terre de startup qui abrite près de 500 licornes sur son territoire. Et tout ça sans se fatiguer. Mais l’enthousiasme général pour le projet Cotée Français a vite fait oublier les différences majeures entre nos deux pays. D’un côté, nous avons une nation dominée par la culture d’entreprise qui regorge de fonds d’investissement ou de capital risque assis sur des montagnes de cash. Ces fonds sont en recherche permanente de la nouvelle idée et peu importe qu’un seul projet sur quatre tienne vraiment la route. La facture de l’échec en Amérique est dix fois moins élevée qu’en France pour un marché 50 fois plus gros. Face aux centaines de milliards de dollars d’argent fédéral investis dans les pépites de la tech américaine, les budgets français ou européens ne font pas le poids. De l’autre côté, en France et dans plusieurs pays d’Europe, le droit du travail est plus rigide. Les réglementations en cas de mise en liquidation sont longues et coûteuses et le marché plus réduit. Autant d’obstacles que les entrepreneurs américains n’ont pas à franchir.

[11:10] – Orateur 1
Enfin, dernier avantage que les startups américaines partagent avec les Chinoises ou les Japonaises, c’est l’avance technologique. À E3, ils sont responsables de 45,5% des inventions déposées dans le monde en 2023. Et les États-Unis sont les plus gros propriétaires de brevets qu’ils exploitent en s’appuyant sur une industrie bien moins sinistrée qu’en France et sur un puissant réseau de chercheurs universitaires. En Chine, les startups ont aussi fait partie des chouchous de Pékin de 2013 à 2019. Comme le reste de l’économie du pays, les Pony AI, ByteDance, Alibaba, Tencent, Qi’in ou Tému ont subi une poussée de croissance en passant de 17.000 sociétés créées en 2013 à plus de 51.000 en 2018. Elles aussi ont bénéficié de moyens considérables mis à leur disposition par le gouvernement, en échange d’une surveillance rapprochée, jusqu’à ce que Pékin change d’avis et se concentre sur d’autres sujets plus urgents comme la crise immobilière et la pandémie de Covid. Depuis 2022, le nombre de créations a considérablement baissé face à des investisseurs préoccupés par le ralentissement de l’économie, mais plus globalement, l’inflation quasi en général et les hausses de taux ont provoqué une crise mondiale de l’investissement partout dans le monde, y compris aux États-Unis.

[12:21] – Orateur 1
Les capitales risqueurs américains sont en train de revoir les règles du financement de l’innovation et boude désormais les projets à fort potentiel au profit des technologies vertes plus prometteuses et moins risquées. Et ça, ce n’est pas bon signe. Alors, reprenons rapidement. Depuis 2017, la Startup Nation est présentée comme la solution miracle pour rattraper le retard industriel et technologique de la France. Le gouvernement a injecté des milliards pour soutenir l’innovation, mais malgré cet effort colossal, les résultats sont décevants, avec seulement 13 licornes sur les 25 premières et l’émergence d’une nouvelle classe d’entreprises en perte chronique et totalement dépendante de l’argent public. Pas étonnant que les investisseurs se montrent désormais plus timides, surtout dans un contexte économique mondial de plus en plus instable. Le modèle américain, souvent cité en exemple, repose sur des ressources financières et des structures économiques que la France ne peut pas égaler. Et malgré toute notre bonne volonté, nous n’avons pas réussi à reproduire le modèle startup à la manière des États-Unis ou de la Chine. Mais rassurez-vous, j’ai gardé le meilleur pour la fin, car tout le monde n’est pas perdant dans cette histoire. Les grands gagnants sont les quelques associés privilégiés qui se partagent le capital des startups les plus tendances, les fameux premiers de Cordée.

[13:34] – Orateur 1
Tous ont bénéficié d’un maximum d’aides publiques et de précieux conseils pour esquiver l’impôt, en attendant la revente éventuelle à une multinationale à gros budget. Je pense à la plateforme d’autopartage Drivee, vendue aux Américains en 2019, la fin-tech Kyriba, cédée au britannique Bridge Point Capital, ou encore Zenly, qui est devenue en 2017 l’application de géolocalisation de Snapchat, mais il y en a beaucoup d’autres. Toutes ces opérations traduisent plutôt une démarche purement mercantile. Très éloignée du rêve de réindustrialisation, d’emploi, de croissance et de l’objectif de créer les nouveaux champions nationaux durables. Et quand on parle d’argent, le 19 juillet dernier, la Cour des Comptes et le Parquet National Financier ont ouvert une enquête pour prise illégale d’intérêt contre 200 collaborateurs de BPI France. En 2020, pour collecter des capitaux, BPI a lancé plusieurs nouveaux produits financiers basés sur une idée de Bruno Le Maire. Elle a ouvert BE1, BE2, BE3 et A1, des fonds d’investissement spécialisés dans les sociétés non cotées, accessibles aussi aux particuliers. Grâce à ces nouveaux actifs, tout le monde peut participer à la grande aventure et profiter des performances de la Startup Nation, à partir de 5.000€ bloqués pendant 5 ans et contre 8% de rendement annuel.

[14:45] – Orateur 1
Ils ont séduit 15.000€ d’épargnants qui ont vu la valeur de leur investissement doublée en seulement 18 mois grâce au soutien de l’État et parmi eux, 200 des 3.000 salariés de la BPI, dont le patron, Nicolas Dufour. En désignant directement quelques autres grands bénéficiaires du le modèle Startup Nation, cette affaire qui porte déjà le nom de Scandale de BPI France révèle un peu plus l’envers du système et elle apporte sa part d’explication, vous ne trouvez pas ? Mais entre la récession, la crise mondiale de confiance du capital risque et la reprise des comptes publics. Pas sûr que la France startup s’en relève de sitôt.

[15:18] – Orateur 1
J’ai hâte de savoir ce que vous pensez de tout ça. Je ne vous dis pas. Pour vous exprimer, critiquer, valider ou compléter toutes ces informations, ça se passe dans les commentaires. J’espère que cette vidéo vous a plu et si c’est le cas, pensez à me le faire savoir en cliquant sur j’aime et pensez aussi à la partager. Si vous n’êtes pas abonné à la chaîne, c’est le moment d’y remédier. Merci à toutes et à tous pour votre fidélité. Prenez soin de vous et je vous dis à très bientôt sur Money Radar.

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