La Chandeleur

[0:04] – Animatrice
Qui de mieux que les Bretons pour nous raconter l’incroyable histoire de la Chandeleur ?

[0:09] – Françoise
Moi, je viens du Morbihan, moi je suis originaire de la presqu’île de Rhuys.

[0:15] – Rolande
Moi je suis du Centre Bretagne, près de la forêt de Brocéliande. La forêt du roi Arthur et de l’enchanteur merlin.

[0:24] – Olivier
Moi, je viens de la côte de granit rose de Perros-Guirec.

[0:30] – Animatrice
Ces quatre Bretons ont un point commun, ils fêtent tous la Chandeleur à Paris car ils y vivent. Après la Bretagne, l’Ile de France compte la plus importante communauté bretonne du pays.

[0:41] – Françoise
A Paris, quand il fait gris, il fait gris point, et le gris est gris. Alors qu’en fait, en Bretagne, vous aviez une espèce de camaïeu de gris parce que c’est du gris …

[0:51] – Animatrice
Les Bretons sont intarissables quand il s’agit de la région. Peuple de marins et de voyageurs. Ils ont diffusé partout en France leur meilleure recette de crêpes.

[1:02] – Olivier
Bonjour Pascal, Bonjour, ça va bien tu vois ? En tout cas, mets-toi bien le voyage. Oui, super super !

[1:10] – Animatrice
Hier, Pascal, fabricant de crêpes en Bretagne, a parcouru près de 400 kilomètres pour pouvoir livrer à temps Olivier dans son épicerie parisienne où on ne trouve que des produits bretons.

[1:21] – Pascale
J’ai pris la route, fin de matinée, pour arriver … les livrer toute fraîche.

[1:26] – Olivier
Comme beaucoup de Bretons exilés, loin des produits qu’on aime consommer. J’avais un peu de mal à les trouver qu’ici, c’est un peu comme si vous étiez en Bretagne. Il y a plus de 10 % des gens d’Île de France qui ont une origine bretonne 10 % sur 12 millions d’habitants en Île de France, ça fait pas mal de monde et ils ne sont pas tous venus encore à la boutique.

[1:46] – Animatrice
La Chandeleur a lieu 40 jours après Noël. Elle célèbre la présentation de l’enfant Jésus au Temple. Mais avant d’être chrétienne, c’était une fête païenne.

[1:56] – Rolande
A la Chandeleur, le printemps commence à renaître. Ça représente la naissance de la vie. C’est le soleil. C’était la fête des chandelles.

[2:05] – Animatrice
On mange des crêpes à la Chandeleur depuis le VIIᵉ siècle, grâce au pape Gélase Iᵉʳ qui réconfortait les pèlerins de Rome avec des galettes, symbole de soleil et de moisson abondante. En Bretagne cette tradition n’est pas la seule qui subsiste.

[2:20] – Rolande
Pour devenir riche, on prend une pièce dans la main gauche, on fait sauter les crêpes. Si on réussit, c’est qu’on aura du bonheur toute l’année. Et en Bretagne, souvent, on laissait une crêpe sur le haut de l’armoire.

[2:32] – Animatrice
Le fief des Bretons à Paris, c’est le quartier autour de la gare Montparnasse. Au XIXᵉ siècle avec l’avènement du chemin de fer, ils y arrivent par milliers pour chercher du travail.

[2:44] – Françoise
Ils arrivaient, ils étaient pauvres, ils n’avaient pas de formation, ils parlaient mal le français. Une de mes tantes s’appelait Yvonne et quand elle est arrivée, on l’a débaptisé. On l’appelait Catherine parce qu’Yvonne, ça faisait trop breton. C’était l’époque, on n’aimait pas e^tre breton, c’était le syndrome du plouc.

[3:04] – Animatrice
Plouc. Voilà un terme intéressant. C’est comme ça que les Parisiens moqueurs, nommaient les Bretons en exil. Ça vient du mot plou qui signifie paroisse en breton, que l’on retrouve en préfixe de nombreux villages Plougastel, Plouharnel, Ploumanac’h ou encore Plouhinec.

[3:21] – Françoise
Le Plouc. Si, par assimilation, oui, l’habitant de la paroisse bretonne évidemment, avec une connotation extrêmement négative, parce que le plouc, c’est celui qui est un peu crotté, qui n’est pas sorti du fin fond de son bocage.

[3:35] – Animatrice
Et pourtant, ce sont ces mêmes Bretons de Paris qui ont démocratisé les crêpes en ouvrant des crêperies partout en France, et notamment dans le 14ᵉ arrondissement. Celle de Rolande et sa fille Solène existe depuis 1937.

[3:49] – Solène
Moi, mes enfants, c’est la crêpe au sucre. La crêpe au sucre comme une crêpe bien faite. Moi je dis pour le plus simple appareil. Alors un petit peu de sucre pour 250 grammes de farine. Moi je mets six ou sept pour que la pâte à crêpes soit soupe, quand vous faites vos craintes que ça ne vienne pas du carton.

[4:07] – Animatrice
Mettre beaucoup d’œufs, c’est le secret de Solène pour une pâte à crêpes réussie.

[4:13] – Solène
Et bien sûr, après, faut la laisser reposer une nuit, c’est très bien, ça fait plein de petites bulles dessus et c’est meilleur.

[4:19] – Animatrice
Le mot crêpe, du latin crispus, signifie frisé ou crépu, car justement la pâte ondule à la cuisson. Elle est apparue en Bretagne au XIIIᵉ siècle avec l’introduction du sarrasin. Rapporté des croisades en Asie, la plante c’est très bien acclimatée à la région, mais des crêpes, on en retrouve partout dans le monde.

[4:39] – Orateur 1
Penser systématiquement en Bretagne quand on parle de crêpes, c’est une erreur. Mais bon, en même temps, c’est nous qui savons bien les faire …

[4:47] – Rolande
C’était quand même le plat du pauvre. Alors qu’on met des produits trop riches, Je ne suis pas d’accord là-dessus. Pour moi, une bonne crêpe c’est avec peu d’éléments, mais de bons produits.

[4:57] – Animatrice
Il ne faut pas grand-chose pour régaler toute la famille avec des crêpes au sucre. 250 grammes de farine, si ça c’est xxx, un demi-litre de lait et du sucre, tout ça accompagné d’un bon cidre. Olivier, notre épicier breton, préconise un demi-sec. La différence entre les cidres, ce sont les degrés d’alcool.

[5:18] – Olivier
Et ça peut aller jusqu’à huit, neuf, voire beaucoup plus si c’est un vieux cidre, parce que le cidre continue à fermenter, même mis en bouteille. C’est pour ça d’ailleurs qu’on conseille aux gens de boire des cidres de l’année et du cidre breton de surcroît quoi. Voilà. Parce que c’est le meilleur, tout le monde le sait.

[5:34] – Animatrice
Le meilleur cidre, la météo la plus contrastée, la plus belle terre. C’est sûr que nos Bretons défendent avec conviction et un certain humour leur Bretagne, car Chandeleur ou pas, leur région, ils la vivent tous les jours.

[5:48] – Olivier
Et un sentiment d’appartenance très fort de partir leur territoire. A la maison de mon père avec sa mère, je l’ai toujours vu parler en breton. Ça fait partie de notre histoire.

[5:58] – Solène
Il y a quelque chose de très fort chez les Bretons. Moi, mes enfants, le papa, il est pas breton, mais je dis vous êtes breton et il est pas français non plus. Mais j’ai dit vous êtes breton, j’ai dit que vous êtes breton avant tout.

[6:09] – Françoise
Ça a été justement la force de la Bretagne de savoir parfois dépasser ce côté bout du monde pour aller vers l’extérieur, vers les gens, vers d’autres pays, vers l’avenir, en réalité.


 

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