La machine à vapeur est-elle à l’origine de la révolution industrielle ? | Est-il vrai que..? | ARTE
[00:04] Peu d’événements dans l’histoire de l’humanité ont un avant et un après aussi contrastés que la révolution industrielle. Tout à coup, ce n’était plus la nature impitoyable qui régnait sur l’humain, mais l’humain impitoyable qui régnait sur la nature. Les enfants ne travaillent plus dans des champs boueux, mais sur des machines bien huilées et flambantes neuves. Les gens vivent plus longtemps et les vieilles histoires de grands-pères cèdent la place aux journaux fraîchement imprimés. Voilà comment les choses se sont passées. Peu de choses près. Et quel serait l’élément déclencheur de ce miracle ? La machine à vapeur. Oui, c’est grâce à cette invention géniale que la révolution industrielle a eu lieu non pas à la grande époque de la Rome antique, à l’âge d’or de l’islam, à Bagdad, ou dans l’Éternel Empire chinois, mais sur une petite île à l’extrémité de l’Eurasie, avec une météo plutôt détestable et une nourriture pas terrible non plus. Mais est-ce bien vrai ? C’est avec cet homme que tout aurait commencé. James Watt. Après des années de labeurs acharnées, l’inventeur écossais parvient à mettre au point sa machine à vapeur. Un mastodonte qui mettra en mouvement d’imposantes machines, des locomotives, des bateaux. Et puis, d’une certaine manière, toute l’histoire du monde. [01:48] Mais est-ce vraiment James Watt qui est à l’origine de tout cela ? [01:54] – AntonJames Watt a perfectionné la machine à vapeur. Et à vrai dire, le terme machine à vapeur n’est apparu qu’après ses améliorations. Mais ce n’est pas la vraie première machine à vapeur. Ce n’est pas la première à avoir été utilisée. [02:11] L’historien Anton Howes essaye, depuis des années, de déterminer quelles innovations ont réellement déclenchées la révolution industrielle ? Et ce n’est pas vraiment un adepte des réponses simples. Lorsqu’on lui soumet les explications habituelles, voici ce qu’il a tendance à répondre. [02:27] – Anton
Pas vraiment, non. Non, je ne crois absolument pas. [02:33] Et il faut attendre quasiment la fin de notre enquête pour qu’Anton dise enfin… [02:37] – Anton
Attendez, il faut que j’y réfléchisse un peu. [02:41] Mais commençons par le commencement. Si James Watts n’est pas l’inventeur de la machine à vapeur. Alors, qui est-ce ? [02:47] – Anton
Difficile de dire qui est le véritable inventeur de la machine à vapeur. On peut remonter jusqu’à l’Antiquité avec Philon de Byzance ou encore Héron d’Alexandrie. Tous deux ont mis au point une sorte de prototype de la machine à vapeur. [03:01] Sous l’Empire romain, quelques décennies après qu’un certain Jésus de Nazareth a défié les lois de la gravité, Héron d’Alexandrie découvre le principe de la machine à vapeur. Il utilise deux phénomènes physiques: la pression créée par la vapeur et la force d’aspiration créée par le vide. Il allume un feu sur un autel qui chauffe l’eau d’un récipient placé sous le temple. Une fois chaude, l’eau se dilate et s’écoule par un tuyau dans un autre récipient. Celui-ci active un câble qui ouvre les portes d’un temple. Les premières portes à ouverture automatique sont nées. [03:31] – Anton
Les deux inventions fonctionnent exactement de la même manière. Ils condensent la vapeur et utilisent la différence de pression pour lever un poids. [03:40] Mais après cette idée révolutionnaire, il ne se passe rien pendant des siècles. Pas de locomotive à vapeur, pas de bateau rapide, pas d’ascenseur automatique. Comment se fait-il qu’une technologie amenée un jour à révolutionner l’économie et à sortir des millions de personnes de la pauvreté soit restée quasi inutilisé pendant 1 700 ans. Et pourquoi le changement intervient-il en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle ? [04:14] – Anton
Je ne pense pas qu’il y a une réponse simple à cette question. [04:18] Oui, bien sûr. Mais pour comprendre un peu mieux quand même, retournons environ 300 millions d’années en arrière. À cette époque, l’actuelle Grande-Bretagne se trouve au niveau de l’Équateur et elle est recouverte de forêts tropicales et de marais. Les plantes transforment l’eau et le carbone en bois. Les marais transforment le bois en tourbe et la pression et le temps transforment la tourbe en charbon. À mesure que ce petit bout de terre se déplace lentement vers le nord et que la météo devient de plus en plus British, un gigantesque réservoir de charbon se forme dans le sol. Et contrairement à la plupart des réserves de cette énergie fossile dans le monde, elle commence à être exploitée très tôt en Grande-Bretagne. [05:01] – Anton
Là-bas, le charbon était beaucoup plus utilisé qu’on ne le pensait. La plupart des gens croient que c’est la machine à vapeur qui a créé la demande de charbon. Mais en fait, dans l’ensemble de l’Angleterre, on a commencé à brûler du charbon chez les particuliers et dans les industries bien longtemps avant. [05:18] L’explication simple, qui ne plaira évidemment pas à notre expert, est la suivante: au XVIe siècle, la population londonienne quadruple et a besoin de plus de bois pour se chauffer. Les forêts sont défrichées et le bois de chauffage devient si cher qu’on se tourne vers le charbon moins coûteux. [05:35] – Anton
C’est complètement faux. En réalité, c’est exactement l’inverse. Affirmer cela, c’est très mal connaître le fonctionnement du marché du bois à ce moment de l’histoire. [05:46] À l’époque, on traite en effet la forêt avec ménagement, car elle constitue une source d’énergie renouvelable nécessaire. Un visiteur écrit vers 1550 que Londres est entouré d’arbres et que le bois de chauffage est disponible en abondance. [06:03] – Anton
Et pourtant, au XVIe siècle, des plaintes se font entendre parce que de nombreux arbres sont abattus et que les forêts disparaissent. La raison, c’est l’exploitation du charbon. On creuse en profondeur pour trouver du charbon et remplacer les forêts. Elles sont rasées, ce qui permet de récupérer les terres pour d’autres usages comme l’agriculture. [06:24] Ce n’est donc pas la déforestation qui amène à l’utilisation accrue du charbon, mais c’est le charbon qui motive le dévoisement. Mais qui a cette idée grandiose de faire venir d’un coup ce combustible sale et malodorant en ville ? [06:43] – Anton
La consommation de charbon à Londres a pratiquement doublé lorsque les forgerons n’ont plus été les seuls à l’utiliser et qu’une nouvelle industrie s’y est convertie, celle des brasseurs. [06:57] Dans le but d’économiser du bois, les brasseurs allemands développent des fours plus efficaces. Et lorsqu’ils les arrivent en Angleterre, ils constatent que leur système est parfaitement adapté au charbon. [07:10] – Anton
La bière joue un rôle beaucoup plus important que ce qu’on pensait jusqu’à présent. [07:15] Pour une fois, voilà une explication qui passe toute seule. Mais s’il y a quelque chose qui joue un rôle encore plus important que la bière, c’est l’énergie. Pour l’historienne Emma Griffin, l’énergie constitue le facteur décisif. [07:34] – Emma
Il n’y aurait pas pu y avoir de révolution industrielle en Grande-Bretagne si la question de l’énergie n’avait pas été réglée en amont. [07:42] La demande en énergie augmente partout où le travail humain est remplacé par des machines. Des inventions comme la spinning jenny révolutionnent la production textile. Mais pour faire tourner ces nouveaux engins, les muscles ne suffisent plus. Pour résoudre ce problème, les plus grandes usines sont équipées de puissantes roues à eau. [08:03] – Emma
On peut utiliser l’eau des rivières ou bien le vent pour faire tourner des moulins, mais ces sources d’énergie sont limitées. On ne peut pas les augmenter à volonté. On ne peut pas faire souffler le vent plus fort. On est à la merci des éléments. [08:21] Avant la révolution industrielle, chaque société finissait toujours par atteindre une limite à sa croissance. En période d’essor économique, la population augmentait également, jusqu’à ce que les ressources se raréfient. Au moment de la révolution industrielle, ce problème est résolu lorsque les Britanniques commencent à puiser allègrement dans leur réservoir d’énergie vieux de plusieurs millions d’années. Mais le charbon est profondément enfoui dans le sol et les puits se remplissent constamment d’eau. C’est pourquoi, 80 ans avant James Watts, des inventeurs britanniques ont l’idée d’utiliser une technique très ancienne afin de drainer les miennes: la machine à vapeur. [09:03] – Emma
La seule chose qu’on peut faire avec la première machine à vapeur, c’est pomper. On peut ainsi créer ce mouvement, mais on ne peut pas faire bouger des machines, car beaucoup d’entre elles ont besoin pour cela d’un mouvement rotatif. [09:17] – Anton
Une fois qu’on a ce mouvement rotatif, on peut faire fonctionner plein de choses, les trains, par exemple. [09:23] Voilà comment on en revient à James Watt. Sa machine à vapeur rotative est la bonne idée pour une économie déjà pas mal industrialisée. Elle propulse des machines de plus en plus imposantes qui produisent à un rythme effréné des objets qui rapportent. La réponse semble claire. Sans charbon, pas de machine à vapeur. Sans machine à vapeur, la révolution industrielle n’aurait pas explosé de la sorte. Est-ce donc le charbon qui a donné l’avantage à la Grande-Bretagne ? [09:59] – Anton
L’Angleterre l’air n’a pas le monopole du charbon en Europe. Elle dispose de réserves, mais ce n’est pas l’étincelle décisive. [10:06] Quels facteurs ont fait pencher la balance ? La question alimente aujourd’hui encore de nombreux débats dans le monde scientifique. Quel est l’ingrédient magique qui manque à tous les autres pays. La plus célèbre explication, et peut-être la meilleure, est celle de l’historien de l’économie britannique, Robert Allen. La clé, selon lui, réside dans le rapport entre les coûts de la main d’œuvre et ceux de l’énergie. Au XVIIIe siècle, par rapport aux coûts de l’énergie, celui de la main d’œuvre était beaucoup plus cher en Grande-Bretagne qu’ailleurs. Robert Allen l’a découvert, entre autres, en reconstituant des menus de l’époque, car ceux-ci sont un bon indicateur du pouvoir d’achat de la population. [10:53] – Emma
Quand les gens déménagent en ville, ils gagnent plus. Ils mangent plus de viande, peut-être aussi plus d’œufs et de produits laitiers. On peut également y ajouter le beurre. Et il y a des objets comme les serviettes de table, pas indispensables, mais plutôt agréables. Le genre de choses que les ouvriers appréciaient d’avoir. [11:12] Mais pour comprendre l’impact de cette combinaison unique d’énergie bon marché et de salaire élevé, il faut aller voir à l’autre bout du monde, en Chine. Car jusqu’en 1800, la Chine est encore la plus grande de l’économie de la planète. Les marchands viennent d’Europe pour acheter des produits de luxe comme la soie et la porcelaine, qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans une telle qualité. Kenneth Pomeranz, de l’Université de Chicago, mène depuis des décennies des recherches visant à déterminer pourquoi la révolution industrielle n’a pas eu lieu en Chine. L’histoire aurait-elle été différente si James Watt avait été Chinois ? [12:00] – Kenneth
Imaginons un jeune James Watt, brillant, né en Chine, bon bricoleur, mais qui veut aussi gagner de l’argent. Watt est déterminé à y parvenir car il est motivé par le profit. Penserait-il que c’est une bonne idée de se concentrer sur la machine à vapeur ? Sans doute pas. [12:28] La Chine possède aussi du charbon, mais loin des régions développées comme celles du delta du Yangtze. Acheminer ce charbon est compliqué et extrêmement coûteux. Comparativement, le travail est bon marché. [12:41] – Kenneth
Posez-vous la question. Si vous vous trouvez dans cet environnement, en Chine, cela vaut-il la peine de mettre au point une machine incroyablement gourmande en énergie qui fait la même chose que les muscles humains ? Même si on peut la rendre un peu plus économique, il faudrait qu’elle soit vraiment beaucoup plus performante pour compenser le prix élevé de l’énergie par rapport au coup très bas de la main d’œuvre. Cela n’aurait aucun sens. C’est-à-dire que les gens ne voulaient pas de la nourriture. James Watt aurait donc fait autre chose. [13:19] À l’époque de James Watt, ce rapport entre le coût du travail et celui de l’énergie marque toute la civilisation chinoise, jusqu’en cuisine. [13:28] – Kenneth
Au XVIIIe siècle, les habitants du delta du Yangtze consomment le même genre de plat chinois qu’on connaît aujourd’hui. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Lorsqu’on lit d’anciens textes chinois qui parlent de nourriture, il est généralement question de ragoûts copieux qui mijotent pendant des heures. Confucius raconte le plaisir qu’il a à manger des pâtes d’ours. Imaginez le temps qu’il faut pour cuire des pâtes d’ours jusqu’à ce qu’elles soient tendres. [14:05] Les pâtes d’ours consommant trop d’énergie à la cuisson, il faut trouver mieux. [14:10] – Kenneth
La cuisine au wok, une très fine couche de métal qui permet à la fois de ne pas gaspiller le métal et de conduire efficacement la chaleur. On y fait revenir de la viande et des légumes que l’on coupe en très petits morceaux. Ainsi, on utilise beaucoup de travail domestique non rémuné en générer et on économise du combustible. [14:34] Mais en Grande-Bretagne, la situation est totalement inversée. Il y est particulièrement rentable de remplacer les travailleurs coûteux par des machines qui fonctionnent avec du charbon bon marché. Et c’est pour cette unique raison que les premières machines à vapeur de James Watts et Thomas Newcomen sont rentables. [14:55] – Kenneth
La machine de Newcomen consomme 1 000 calories d’énergie pour restituer à peine 7 calories de travail, soit moins de 1% d’efficacité. Ce n’est pas le genre de machine qu’on utilise. Ça n’est rien de plus qu’une curiosité. Sauf si on dispose d’une source d’énergie extrêmement bon marché. [15:18] La machine à vapeur de James Watt atteint péniblement les 3% d’efficacité. Mais il faut des décennies d’amélioration par les ingénieurs britanniques pour qu’elle devienne suffisamment efficace et s’impose dans d’autres secteurs de l’industrie. D’abord en Europe, puis dans le reste du monde. C’est un peu comme les panneaux solaires. Au début, ils sont si peu efficaces qu’ils ne valent la peine d’être déployés que là où il n’y a pas d’alternative, c’est à dire dans l’espace. Et ce n’est qu’après des décennies de développement qu’ils deviennent plus fonctionnels et moins coûteux. Et à partir de là, on en installe partout. Ce n’est donc pas le hasard, mais la logique économique. Qui fait que la machine à vapeur s’impose dans le seul endroit au monde où l’énergie est abordable et le travail cher, en Grande-Bretagne. Mais pourquoi les salaires y sont-ils si élevés ? [16:12] – Emma
Les salaires sont assez haut parce que c’est un pays développé et relativement prospère et parce qu’on y trouve une main d’œuvre qualifiée. [16:24] Pour Emma, les salaires sont élevés parce que le processus d’industrialisation a commencé avant l’arrivée de la machine à vapeur. [16:32] – Emma
Je décrirais la machine à vapeur comme une conséquence de la révolution industrielle plutôt que comme sa cause. [16:39] Mais si ce n’est la machine à vapeur, c’est donc quoi ? [16:43] – Kenneth
Emma Griffin a raison. Londres est un endroit exceptionnellement riche. Pourquoi ? Parce que la Grande-Bretagne règne sur les mers. [16:54] Est-il possible que nous soyons passés à côté de cette énorme évidence pendant tout ce temps ? Parce qu’en plus du charbon, un autre facteur provoque le boom de l’économie britannique: l’exploitation des colonies. Rien que le boom de l’industrie textile n’aurait pas été possible sans le coton. L’importation de matières premières est si lucrative qu’au XIXᵉ siècle, des voies ferrées sont construites pour acheminer le coton, le thé et la soie depuis l’Inde. Mais pour Emma, l’Empire à lui seul n’explique pas les sortes de la Grande-Bretagne. Car après tout, les Espagnols aussi exploitent leur colonie. Mais eux ont surtout les réserves d’or et d’argent en ligne de mire. Cela leur a apporté d’immenses richesses qui ont très rapidement provoqué une inflation dévastatrice. Bien que tout aussi impitoyable, les Britanniques se montrent plus intelligents dans leur exploitation. Ils s’emparent des matières premières pour les transformer dans leurs propres des usines et les vendre ensuite avec profit dans le monde entier. [18:04] – Kenneth
Qu’est-ce qui est différent en Grande-Bretagne ? Je dirais qu’il y a tout un ensemble d’opportunités permettant de résoudre le problème des ressources limitées grâce à la combinaison de l’Empire et des énergies fossiles. [18:23] Finalement, toute une série de facteurs favorables est réunie et la Grande-Bretagne saisit l’occasion. Mais le fait que ça se soit passé ainsi et pas autrement, tient aussi au facteur chance. [18:38] – Kenneth
Ce n’est pas que de la chance, mais la chance représente une partie importante de l’histoire. Sans elle, l’industrialisation aurait pu avoir lieu ailleurs en premier ou elle ne se serait tout simplement pas produite du tout. [18:54] Est-ce donc le fruit du hasard si l’industrialisation a pu avoir lieu ? Les choses auraient-elles se passer autrement ? Comment les forêts auraient-elles évolué sans la révolution industrielle ? Que serait devenue l’exploitation de la classe ouvrières ? Où serions-nous sans la lutte des classes ? La bombe atomique aurait-elle été inventée ? Et qu’en serait-il de tous les objets qui rendent notre vie tellement plus agréable ? Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que la Grande-Bretagne a déclenché une tendance que l’Europe, puis de plus en plus de pays, ont suivi. L’économie fossile a conquis le monde. Ces effets se font aujourd’hui sentir jusque dans les moindres recoins de la planète. L’auteur islandais, Andri Snaer Magnason, a décrit ces bouleversements. Enfant, il a mené une existence proche de la nature, dans la ferme de ses grands-parents. [19:59] – Andri
Ils utilisaient du bois flotté. Ils mangeaient ce qu’ils pêchaient ou élevaient eux-mêmes. C’est pourquoi mon grand-père était le produit de la région où il vivait. [20:09] En l’espace de trois générations, tout a changé, pour les gens comme pour la nature. [20:20] – Andri
Je dis souvent que je ne suis pas composé à 70% d’eau, mais à 90% de pétrole. Quand les humains ont découvert ces immenses gisements de pétrole, de charbon et de gaz, nous étions environ 700 millions sur la planète. Et nous sommes aujourd’hui presque 8 milliards. Donc 7 milliards d’entre nous sont le produit de cette énergie. [20:41] Il est aujourd’hui difficile de vivre au quotidien sans recourir à l’énergie fossile. Bien qu’invisible, elle est présente dans presque tout ce que nous consommons chaque jour. [20:55] – Andri
Si je voyais des flammes sortir de ma voiture, là, je me dirais que oui, je vis bien à l’air du feu. Et plus la voiture serait puissante, plus les flammes qui s’échapperaient à l’arrière seraient grandes. Et on aurait des usines à la périphérie des villes qui ressembleraient à des volcans flacons, comme si des hangars crachaient du feu. Si ces feux étaient visibles, les avions auraient l’air de météorites incandescentes dans le ciel. [21:27] Il faut parfois prendre un peu de recul pour plus clair. Comment regarderons-nous notre époque dans 300 ans ? [21:40] – Kenneth
Cela dépendra en grande partie de notre capacité à préserver notre planète d’ici là. La question reste ouverte. [21:53] Nous ne sommes sans doute pas la première civilisation à se croire à la pointe du développement humain. [22:00] – Andri
Le grand dilemme est le suivant: comment sortir de l’âge du feu ? Comment peut-on cesser de dépendre de l’invention et de ses conséquences ? Je ne suis pas bien retourné à la ferme de mon grand-père. Il a maintenant 200 descendants. Ce lopin de terre ne peut pas accueillir et nourrir 200 personnes. [22:27] Dans un avenir pas si lointain, la plupart d’entre nous serons probablement tombés dans l’oubli. Mais il se pourrait que James Watts soit l’une des rares figures dont le souvenir restera. Comme celui d’un personnage mythique qui a caché le feu à l’intérieur de nos machines. Et peut-être comme celui qui a fait fonctionner la machine à vapeur avec une forme d’énergie primitive, remplacée depuis longtemps par d’autres plus efficaces. Notre réussite dépendra sans doute de facteurs complexes, comme à l’époque de James Watt, du prix de l’énergie, de la valeur que nous accordons à la nature et de quelques bonnes idées.