Sculpteur et Restaurateur

[00:00] – Orateur
France Info.

[00:03] – Les élèves
Bonjour. Nous sommes les élèves du collège Anatole France à Sarty dans la Manche. Et nous allons poser des questions à un sculpteur.

[00:10] – Orateur
Et oui, un sculpteur. À vous François Gilles, bonjour. Bonjour. Vous êtes sculpteur et restaurateur, aussi meilleur apprenti de France, agrégé, normalien, vous rénovez, entre autres, des monuments classés. Et les enfants ont plein de questions à vous poser. Qui veut
commencer ? À toi, Donovan.

[00:27] – Donovan
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?

[00:30] – François Gilles
Le métier de sculpteur, en lui-même, il consiste à simplement créer des œuvres en volume, normalement, par enlèvement de matière. On part d’un blog de quelque chose et on enlève de la matière dedans. Moi, je suis plus spécifiquement sculpteur sur bois, c’est-à dire que je pars des arbres, je pars de planches de bois pour créer des œuvres en volume et plus particulièrement, effectivement, vous le disiez, pour des monuments historiques et beaucoup pour le décor intérieur. Je fais beaucoup de restauration dans ce cadre-là.

[00:59] – Orateur
Et puis, dans l’actualité aussi, il y a, et ça, je sais que vous avez travaillé en classe là-dessus, les enfants, il y a la restitution de sculptures à des pays colonisés par la France, en fait, réparer des erreurs du passé, finalement. Restitution, par exemple, d’un tambour-parleur à la Côte d’Ivoire. C’est une sculpture assez impressionnante de 430 kilos. Le Sénat a enclenché tout un processus là-dessus. Ça, c’est important, François Gilles, justement, quand une sculpture, ça fait partie de l’histoire d’un pays, qu’on revienne un peu là-dessus sur ce passé, même si on est qu’au début du chemin.

[01:29] – François Gilles
C’est tout nouveau, effectivement, qu’on s’y intéresse du point de vue de la légalité. Théoriquement, les collections nationales sont des collections qui sont inaliénables. C’est un gros mot pour dire que toute œuvre qui rentre dans les collections nationales ne peut plus en sortir. Donc, à partir du moment où on souhaite, pour une raison X ou Y, faire sortir une œuvre des collections nationales, c’est qu’effectivement, il faut passer devant le Parlement, il faut passer par la loi et c’est là encore un geste politique. Donc, ça veut dire qu’effectivement, au cas par cas, dans le cas de ces pays il faut pouvoir étudier si les œuvres ont été acquises de manière frauduleuse ou non. Et si on a la preuve, effectivement, que les œuvres sont acquises de manière frauduleuse, dans l’absolu, il n’y a pas de raison de ne pas les rendre.

[02:10] – Donovan
Pourquoi rendre le maléfait ?

[02:11] – François Gilles
On peut considérer que les musées sont universels et que donc, ils sont au-dessus de l’histoire, ils sont au-dessus des considérations politiques et que donc, ils protègent la mémoire du monde, y compris la mauvaise mémoire du monde, j’allais dire presque même la mauvaise conscience du monde. Le problème est que dans le cas de certains pays, quasiment tout leur patrimoine, pour le coup, leur a été spolié. Et donc, même si on ne sort pas certaines collections ou certaines œuvres des collections publiques, il faut poser la question de les redéposer et de les re-rendre visibles de nouveau dans ces pays-là.

[02:46] – Donovan
Pouvez-vous nous citer quelques œuvres connues qui ont été restituées à l’heure actuelle ?

[02:52] – François Gilles
Dans les œuvres qui ont fait l’actualité, il y a par exemple l’affaire, Ça a été une affaire, maintenant, ça n’en est plus vraiment une, mais des manuscrits coréens dans le cadre de représailles qui ont été menées par l’Armée Française contre la Corée, qui avaient massacré des missionnaires jésuites sous Napoléon III, sous le Second Empire, des manuscrits ont été pris en Corée et mis dans les collections de la Bibliothèque nationale de France. Ces manuscrits, dans le cadre de bonnes relations diplomatiques, ont été rendus à la Corée. Toujours sur ce cas des manuscrits coréens, les conservateurs de la Bibliothèque Nationale de France ont refusé de rendre ces manuscrits, donc il a fallu quasiment leur prendre de force. Les politiques, lors de ce voyage diplomatique, ont dû récupérer la mallette dans lesquelles il y avait les manuscrits. Les conservateurs n’ont pas voulu donner la clé, donc il a fallu forcer la serrure. Il y a eu toute une affaire comme ça qui a un petit peu d’ailleurs aussi traumatisé le monde des musées, parce qu’il faut bien s’imaginer que les conservateurs du patrimoine qui s’occupent des collections des musées, eux, ce qu’on leur apprend, c’est à protéger les collections qu’on leur confie, quelle que soit leur histoire, d’une certaine manière.

[04:06] – Orateur
Merci beaucoup, François Gilles, d’être venu dans le studio de France Info Junior pour répondre aux questions des enfants sur votre métier de sculpteur, sur la restitution des biens culturels. Également, France Info Junior. Une émission à retrouver sur https://franceinfo.fr et l’appli’ Radio France, préparée par Estelle Faure et Jeanne Sarfati-Camarek.

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